• Infomumuse- 14 juin 2007
Je fais un peu les choses à l'envers puisque je vous chronique en dernier le plus ancien des cinq DVD de cette collection de méthodes de percussions (du moins en attendant le prochain.). Celui-ci date donc déjà de 1998 mais, heureusement, il n'a pas vieilli d'une ride et c'est seulement en le comparant aux volumes plus récents de la série que l'on pourra constater que DVD après DVD, le Salon de musique peaufine ses présentations et nous en offre toujours plus, tant en support numérique (les premiers n'ont qu'un DVD, les plus récents deux) que sur le livret. Mais au moins, le livret de celui-ci a un avantage : il rentre facilement dans la boîte alors que j'y ai renoncé pour celui consacré à la darbouka.
Mais ce qui n'a pas changé, c'est la présence d'un documentaire sur l'instrument dans son contexte orginal (ici au Burkina Faso) avec une partie sur la fabrication de l'instrument, la description de son contexte social etc.
Inza Diabaté a un jeu de djembé intéressant qui joue pas mal sur les nuances de volume (contrairement à certains djembefolas qui ne jouent toujours qu'à pleine puissance sonore) et avec pas mal de "touches" (petites frappes presque en l'air).
La méthode commence naturellement par la description des trois frappes de base mais passe un peu rapidement sur cet apprentissage fondamental : les techniques de frappe pour obtenir des claqués et des toniques corrects auraient mérité d'être un peu développées : un débutant qui ne s'appuiera que sur cette méthode risque de ne jamais avoir des claqués bien différenciés des toniques et donc un jeu toujours brouillon.
La méthode détaille ensuite, avec le système habituel et très bien fait de menus avec possibilité de faire tourner en boucle certaines séquence, 6 rythmes différents, c'est à dire 6 polyrythmies à quatre "voix" : djembé solo, djembé d'accompagnement, dunun et sa cloche. La partie de dunun est jouée par un musicien unique sur deux dununs afin de disposer de deux sons différents. Ces parties de dunun correspondent à ce que d'autres méthodes font jouer sur un seul tambour en utilisant deux frappes différentes (frappes ordinaires et pincé dont il n'est pas fait état ici, par contre, sur un rythme particulier Inza Diabaté montre une forme de jeu traditionnel avec baguette d'un côté et la main de l'autre).
Rappelons que les polyrythmies mandingues peuvent comporter, en sus des deux voix de djembé et du soliste-improvisateur éventuel, trois voix totalement distinctes de dununs et trois voix de cloches correspondantes mais ceci est une certaine forme de standardisation actuelle et non un fait traditionnel, nous ne saurions donc reprocher à Inza Diabaté de ne pas s'y plier.
J'émettrai quelques petites réserves sur le côté pédagogique : il n'est quasiment jamais question de la partie de cloche (mais elle est jouée en même temps que les dununs, bien visible et audible), les démonstrations à vitesse rapide et lente ne sont pas toujours strictement identiques (sur l'un des premiers rythmes par exemple, l'une des frappes n'est pas sur le même tambour selon la version) ou bien encore, sans prévenir, les parties de djembés présentent des variantes d'une reprise à l'autre ce qui fait qu'il n'est pas facile de comprendre où commence et où finit le cycle. Le calage des voix les unes par rapport aux autres n'est présenté que par le fait de chanter l'appel du djembé avant la partie de dunun et il n'est pas expliqué que l'appel des rythmes " ternaires " n'est pas le même que celui des "binaires".
Mais ces réserves traduisent finalement un côté plutôt "africain" ou peut-être simplement "tradition orale" où l'élève doit chercher par lui même, observer pour comprendre, chercher à reproduire sans pour autant se voir expliquer toutes les clefs. Un vrai débutant devra donc s'accrocher pour suivre, celui qu a quelques bases trouvera avec cette méthode, le moyen d'apprendre quelque rythmes et de les monter à plusieurs s'il n'est pas isolé. Et enfin, celui qui travaille avec une autre méthode ou dans un cours ou atelier, gagnera toujours à voir un autre style, une autre manière de faire. Ils retrouveront ici des choses connues, parfois sous d'autres appellations, et en découvriront de nouvelles assez originales.
Jean-Luc Matte